La question est simple, et lourde d'enjeux pour les équilibres internationaux : pourquoi et comment la science s'est-elle développée en Occident, et non ailleurs ? Dans cet essai sous-titré «Vers une théorie générale du progrès scientifique», le physicien suisse David Cosandey réussit l'exploit d'y répondre de façon convaincante.
L'auteur examine les hypothèses - parfois légères - avancées par ses prédécesseurs, et les réfute une à une : ni la religion, ni la culture, ni l'ethnie, ni le climat ne permettent d'expliquer pourquoi l'Inde, la Chine ou le monde arabo-musulman ont été à la traîne du développement scientifique. L'étude minutieuse du cas européen lui permet en revanche de mettre en lumière deux critères indispensables à l'essor du progrès scientifique. Pour qu'une société développe le joyau monnayable en pouvoir et en prospérité, il lui faut jouir d'un essor économique durable et d'une division politique stable, la compétition se jouant entre Etats souverains.
David Cosandey analyse un millénaire d'histoire politique et scientifique à la lumière de cette hypothèse, nous entraînant de l'Inde à la Chine en passant par le Moyen-Orient. Au cours de ce voyage, on croise quelques périodes fastes pendant lesquelles les deux conditions qu'il a définies comme indispensables étaient réunies. Las, à chaque fois survient une invasion ou une réorganisation étatique qui rompent le fragile équilibre, laissant place à une ère de déclin scientifique. Ainsi l'histoire de ces régions es