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Libération

Cent ans d'échauffement

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publié le 23 octobre 2007 à 0h59

Mai 1959. A côté d'une photo de Paris noyé dont n'émergent que Montmartre et la tour Eiffel, le mensuel Science et Vie écrit : «Le réchauffement global de la planète est un phénomène connu depuis déjà un bon nombre d'années.» L'article précède de trente et un ans le premier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), prix Nobel de la paix 2007. Préscience ? Catastrophisme journalistique ? Ni l'un ni l'autre. L'idée était déjà dans l'air du temps.

Dès le début du XXe siècle, le Suédois Svante Arrhenius, prix Nobel de chimie 1903, montrait que notre planète fonctionne comme une serre dont le verre est l'acide carbonique, comme on appelait alors le gaz carbonique. «L'acide carbonique doublerait-il en quantité, que nous gagnerions 4 °C», calculait-il dans l'Evolution des mondes (1910). Bien vu : les modèles du Giec aboutissent aujourd'hui sensiblement aux mêmes résultats ! Arrhenius ne s'inquiétait pourtant pas outre mesure, considérant que les êtres vivants et les océans absorberaient ces conséquences de «la consommation industrielle de charbon».

Courbe. Cet optimisme s'effondre en 1957, lorsque l'Américain Roger Revelle démontre que les capacités d'absorption par les océans ne sont pas illimitées. «Les êtres humains procèdent actuellement à une expérience de géophysique à grande échelle d'un genre qui n'aurait jamais pu se produire dans le passé et qui ne pourra se reproduire dans l'avenir. En l'espace d