Pour décider du financement des chercheurs et des laboratoires de recherche publics, il faut juger, «évaluer», assènent les gouvernements. Ainsi, l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Aeres) est présentée comme la clé de voûte du pacte pour la recherche, proposé par le gouvernement et voté en avril 2006 par le Parlement. Mais avec quel outil va-t-elle jauger la qualité de la production scientifique ?
Le ministère répète comme un leitmotiv : l'évaluation doit s'effectuer par la «bibliométrie». Un mot savant pour désigner une science qui consiste à faire des additions.
Compter, une à une, les publications des scientifiques, et pondérer le total par le nombre de fois où ils sont cités dans d'autres articles. L'évaluation serait ainsi simple, rapide, informatisable. Elle permettrait au ministre de dire, voire de penser, qu'il met ses sous - enfin, ceux du contribuable - au bon endroit, en triant les excellents et les tocards. Hélas, la bibliométrie aux prétentions d'exactitude se révèle science perverse. En effet, la théorie ministérielle voudrait que l'excellence soit repérée, sans coup férir, par le nombre des citations.
Allons, donc, sur le site de l'Institute for Scientific Information (1) qui en tient un compte scrupuleux. Et prétend même que les gouvernements peuvent s'en servir pour «prendre des décisions» de financement .
On y trouve aisément les 158 scientifiques français les plus cités depuis vingt-cinq ans. Parmi eux, c