Professeur au Collège de France, Stanislas Dehaene propose une synthèse de dix ans d'études sur le «cerveau lisant». Dans un livre clair et enthousiaste, il relate le décryptage des mécanismes cérébraux impliqués dans l'acte de lecture à l'aide d'instruments d'imagerie. En découvrant comment le lecteur expert lit et comment celui qui soufre de lésions cérébrales lit mal, les scientifiques ont mis à jour le réseau neuronal complexe à l'oeuvre. Un réseau où, par associations entre signes élémentaires, groupes de signes, sons du langage parlé et bibliothèque de mots, le sens du texte surgit. L'exploration fonctionnelle du cerveau par IRM montre que, sauf pathologie ou lésion cérébrale, tous les lecteurs utilisent le même circuit neuronal. Depuis Cro-Magnon, tout homo sapiens valide est donc en capacité d'apprendre à lire, s'il effectue un «recyclage neuronal» affectant à cette tâche des capacités sélectionnées à d'autres fins par l'évolution. Un formidable décryptage puisque, littéralement, l'acte de lecture restait jusqu'à présent caché dans ses mécanismes cérébraux... aux yeux même du lecteur, son succès même contribuant à en masquer le fonctionnement réel. Toute personne curieuse de ce que disent les neurosciences sur l'invention de la lecture, les caractères universels partagés par les systèmes d'écriture, la dyslexie ou les comparaisons entre langues du monde, trouvera dans ce livre un trésor de réflexions sur l'organe de la pensée. D'où la colère qui saisira
Critique
Le cerveau lecteur
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par Sylvestre Huet
publié le 23 octobre 2007 à 1h00
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