Menu
Libération
Interview

«Des notothenioïdes en Antarctique»

Article réservé aux abonnés
Que cherchez-vous ? Catherine Ozouf-Costaz, biologiste au CNRS-MNHN
publié le 13 novembre 2007 à 1h28

«Je m'intéresse à des poissons très particuliers qui vivent dans l'océan Austral : les notothenioïdes. Je travaille donc depuis plus de trente ans en Antarctique, où j'ai effectué une quinzaine de missions. En décembre, je repars en Terre-Adélie à bord du navire polaire australien Aurora Australis dans le cadre d'une mission internationale pour le recensement de la biodiversité marine antarctique. Et pourtant, je n'aime pas le froid, j'en souffre à chaque fois ! Mais je suis fascinée par ce milieu méconnu, si difficile d'accès.

Les notothenioïdes sont peu ordinaires. Alors que l'extension de la calotte glaciaire, durant les vingt-cinq derniers millions d'années, a provoqué une extinction massive des espèces locales côtières, à savoir les poissons et les organismes marins vivant sur le fond, les notothenioïdes ont résisté et se sont diversifiés à partir d'une seule souche. On connaît 128 espèces, toutes parentes mais d'une grande diversité morphologique et écologique. Je tente, avec mon équipe, de comprendre comment les organismes s'adaptent aux conditions extrêmes et de prédire leur capacité à survivre à un changement climatique.

Les notothenioïdes ont développé des stratégies adaptatives et disposent de gènes spécifiques comme, par exemple, les glycoprotéines antigel. Les caractéristiques environnementales de l'Antarctique leur ont permis de tolérer certaines mutations. Exemple : la famille des Channichthyidae peut vivre sans hémoglobine grâce à la grande richesse en