Dans les années 70, la flambée des prix du pétrole conduit la plupart des pays industrialisés à rechercher des carburants alternatifs à l'essence. Chez les constructeurs, les ingénieurs ressortent leurs vieux cartons à dessin. Depuis l'invention de l'automobile, on sait en effet faire tourner un moteur à explosion avec du méthane, divers alcools ou de l'huile. La légendaire Ford T roulait ainsi à l'éthanol, et le modeste parc automobile français des années 30 en consommait la bagatelle de 400 millions de tonnes par an. La crise pétrolière donne un coup de jeune à ces vieilles technologies.
Pionnier en la matière, le Brésil lance dès 1975 son plan proalcool pour généraliser l'usage du gasohol, essence coupée à l'éthanol. L'intérêt économique n'a rien d'évident : le litre d'éthanol coûte alors 7,70 cents ; celui d'essence, 5 cents. Mais les cours du sucre sont alors au plus bas, et l'Etat brésilien voit dans le développement du gasohol un moyen de résorber cette surproduction. L'expérience fait école. Au début de 1980, le président américain Jimmy Carter lance à son tour un programme ambitieux, à base d'exemptions fiscales, visant à multiplier par six l'usage du gasohol en deux ans. Là encore, l'intérêt économique de ce qui est présenté comme «le plus grand effort industriel en temps de paix» ne saute pas aux yeux. Même le département de l'Energie américain reconnaît que le plan ne devrait diminuer les importations de pétrole que de 0,4 %, si l'on tient compte de la cons