Docile, le cafard suit le robot. Logique, puisque le robot est un cafard. La preuve, souvent c'est lui qui suit le cafard. Une histoire de fous ? Pas du tout. C'est une histoire de recherche menée par Jean-Louis Deneubourg, professeur à l'université libre de Bruxelles (ULB), qui collabore avec des roboticiens de l'Ecole polytechnique de Lausanne et des spécialistes ès blattes de Rennes (université et CNRS). Le tout financé à hauteur de deux millions d'euros par l'Union européenne.
Une recherche couronnée de succès puisque publiée dans Science (1), preuve manifeste que les connaisseurs ont reniflé un projet détonnant : l'interaction robots-animaux dans la prise de décision collective. «Nous avons construit un leurre vraiment spécial, explique Claire Detrain, professeure à l'ULB, puisqu'il est capable de se fondre dans un groupe de blattes au point d'être reconnu par elles comme un véritable congénère. De plus, il est capable de jouer un rôle actif dans les décisions collectives d'un groupe composé de blattes et de robots.»
L'expérience décrite dans Science semble simple dans son principe, mais ouvre des perspectives vertigineuses à la réflexion du scientifique comme du quidam. Simple puisque la blatte n'est qu'un insecte «grégaire», précise Claire Detrain, et non véritablement «social», comme la fourmi aux comportements collectifs plus élaborés. En outre, sa plus grosse taille permet de construire un robot autonome, d'envergure similair