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Libération

L'étrange météorite de Murchison

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publié le 4 décembre 2007 à 1h51

Au chapitre des énigmes qui jalonnent la reconstitution des origines des molécules du vivant, il y a celle, persistante, de la météorite tombée en septembre 1969 près de la petite ville de Murchison en Australie. Les premières analyses ont révélé qu'elle renfermait des acides aminés, des molécules cycliques d'azote, d'oxygène, de carbone et d'hydrogène, comme les autres météorites dites carbonées (lire ci-contre). Cependant, la pierre de Murchison contient aussi des molécules qui possèdent une propriété, découverte par Pasteur, que l'on croyait jusque-là réservée à la matière vivante : elles sont homochirales.

De quoi s'agit-il ? Dans les molécules organiques du monde inanimé, les atomes liés au carbone se répartissent parfois à droite, parfois à gauche de celui-ci, sans qu'il y ait de répercussion sur leurs propriétés chimiques. Il y a un mélange strictement équitable : autant de molécules de variété «droite» que «gauche». Les deux configurations, miroirs l'une de l'autre, ne sont pas superposables, à l'instar de nos mains, qui, mises l'une sur l'autre, n'ont pas les pouces du même côté. Les biologistes les ont baptisées chirales, du grec kheir, «main».

Chez les êtres vivants, en revanche, cet équilibre n'existe pas : les acides aminés qui constituent les protéines sont entièrement de l'espèce gauche. Cette particularité, l'homochiralité, a des conséquences immenses. «L'homochiralité autorise une biochimie élémentaire, comme la synthèse à l'identique d'un acide nucl