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Libération
Reportage

L'antre du silence

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publié le 11 décembre 2007 à 1h59

Du sommet de la Grande Montagne sur le plateau d'Albion (Vaucluse), dans un soleil couchant, la beauté coupe le souffle. Au sud, le Mourre Nègre, sommet du Luberon, aligne son élégante ligne de crête. A l'ouest, les Cévennes, de l'autre côté du Rhône, écorchent le ciel d'un contre-jour rugueux. A l'est, de vigoureux escarpements, au-dessus de Sisteron, annoncent les Alpes. Au nord, majestueux, le Ventoux offre son sommet pierreux aux derniers rayons de l'astre. Dans cette nature où l'automne fait éclater les couleurs, difficile d'imaginer que se dissimulait, sous nos pieds et 500 mètres de calcaire, la furie humaine. L'un des postes de tir des missiles nucléaires, nichés dans les 18 silos du plateau d'Albion, capables d'aller vitrifier Varsovie et ses millions d'habitants sur un ordre du président de la République. Un étrange dôme vert en résine, doux au toucher, incongru, signale pourtant ce que fut, de 1971 à 1997, ce magnifique coin de Provence. Il abrite un relais de communication, alors branché sur l'Elysée via le Ventoux, et se poursuit par une goulotte creusée verticalement sur 500 mètres où circulait une fibre optique transportant l'ordre fatal. Mais que fait là Christophe Sudre, physicien de son état ?

C'est que nous sommes, rigole-t-il «en haut du laboratoire bas». Au bout de la goulotte, la capsule de métal où veillaient les officiers de tir est toujours là. Métamorphosée en l'une de ces installations souterraines si prisées de certains scientifiques, dites