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Libération

Quand le tabac ne tuait pas

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publié le 11 décembre 2007 à 1h58

Le 1er janvier prochain, il sera interdit de fumer, en France, dans les derniers bastions de la cigarette : les salles des bars-tabacs et restaurants. Ce sera le dernier acte de la très lente descente aux enfers du tabagisme. Elle a commencé en 1950, quand trois études, en Angleterre et aux Etats-Unis, observent une fréquence accrue du cancer du poumon chez les fumeurs. Elles sont accueillies avec perplexité. Toxique, le tabac ? Allons donc. Une lubie des ligues hygiénistes, oui, et plutôt nauséabonde.

Irritations. Cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, chacun se souvient que Hitler interdisait de fumer en sa présence et avait envisagé d'interdire la cigarette dans la Wehrmacht. Une sommité médicale française, René Huguenin, titulaire de la chaire de cancérologie de la faculté de médecine, n'hésite pas à affirmer que le rôle cancérigène du tabac n'a «rien d'évident en pratique». Tout au plus cause-t-il des irritations chez les personnes affaiblies.

Mais les études s'accumulent, et prennent de plus en plus d'ampleur. Au Royaume-Uni, le système de santé nationalisé s'inquiète de l'explosion des cancers du poumon, dont le nombre a été multiplié par 23 en vingt ans. Il soutient une étude au long cours menée par Richard Doll et Bradford Hill qui suit, année après année, l'état de santé de quelque 41 000 médecins britanniques qui notent leur consommation de tabac. Les premiers résultats tombent, en 1952, en 1954. : plus le temps passe, plus les médecins t