«Je tente de comprendre comment les organismes s'adaptent aux variations fondamentales de l'environnement que sont l'alternance du jour et de la nuit et la succession des saisons. On sait aujourd'hui que ces variations ont modelé des rythmes biologiques qui se traduisent notamment par des cycles de production de certaines hormones, sous le contrôle du cerveau. On sait également que nous disposons d'horloges internes, génétiques.
Mais il y a quelque chose de très intrigant dans cette faculté d'adaptation à l'environnement. C'est qu'elle est le fruit d'une anticipation. L'organisme mesure le temps pour se préparer aux changements environnementaux. Un exemple : si vous vous réveillez chaque matin vers 8 heures en pleine forme, c'est parce que deux heures auparavant vous avez eu un pic de corticostérone, une hormone qui stimule l'activité. Autre exemple, sur lequel je travaille tout particulièrement : l'hibernation, qui est une adaptation saisonnière. Certains animaux, notamment des rongeurs, passent l'hiver dans un terrier, en hypothermie, libido et appétit en berne. Ils ne plongent pas dans cet état soudainement. Que se passe-t-il au niveau cérébral qui les amène à y entrer et en sortir ? Nous avons découvert que leur horloge jour-nuit ne fonctionne plus pendant ces périodes d'hibernation. Comment alors mesurent-ils le temps ?
Ces questions ne sont pas anecdotiques. L'hibernation, dont j'essaie de comprendre en quelque sorte la recette au niveau moléculaire, a des points communs