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Libération

Dans l'ombre des lunes artificielles

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publié le 8 janvier 2008 à 1h51

Le 29 décembre 1948, James Forrestal, secrétaire d'Etat à la Défense, annonce que l'armée américaine travaille sur plusieurs projets de «véhicules satellites de la Terre». Sans donner de détail. Stations d'observation ? Postes de guidage de missiles ? Système de miroirs concentrant la lumière en un «rayon de la mort» visant l'URSS ? La presse ironise sur ces futures «lunes artificielles» et doute de leur faisabilité, faute de lanceur assez puissant. Les fusées Viking - dérivées des V2 allemands, dont les Américains ont récupéré les principaux concepteurs - sont loin d'avoir les performances nécessaires. Pour répondre aux sceptiques, l'US Army fait savoir, en mars 1949, qu'elle travaille à un «vaisseau spatial» capable de dépasser les 10 000 miles/heure. et donc de s'affranchir de la pesanteur terrestre. Les sceptiques perdent leur sourire.

Etudier. La militarisation de l'espace semble en marche. Mais la détente internationale qui suit la mort de Staline en 1953 change la donne. Le 29 juillet 1955, c'est un autre programme qu'annonce le porte-parole d'Eisenhower. C'est désormais au nom de «la science pure» que les Etats-Unis envisagent d'explorer l'espace. Objectif : lancer en 1958 un satellite de la taille d'un ballon de basket et bardé d'instruments visant à étudier les rayons cosmiques. «Nous sommes comme des êtres vivant au fond des océans qui essayeraient de voir le ciel, mais l'atmosphère, comme l'océan, diffracte et modifie les ondes, ce q