Bébé souris, au chaud au fond de sa boîte à 33 °C, la température du coeur de la portée, dort du sommeil de l'innocent. Un bon gros dodo de nouveau-né à la respiration régulière, avec ses phases d'apnée et ses périodes d'éveil au cours desquelles la petite bête, âgée de 4 jours à peine et encore aveugle, s'agite, remue et appelle sa maman en poussant des cris ultrasonores, imperceptibles pour l'oreille humaine.
Installés devant leurs ordinateurs dans les locaux de l'hôpital Robert-Debré à Paris, les membres de l'équipe de Jorge Gallego, de l'unité 676 (1) de l'Inserm, ne se reposent pas, eux. Grâce au dispositif unique au monde qu'ils ont mis au point, ils examinent depuis leurs pupitres l'état de santé du cobaye sans le toucher ou le traumatiser, ce qui arriverait certainement s'ils tentaient de le brancher par des fils à d'effrayants appareils médicaux. Tandis qu'enfermé dans sa cage de verre, le nourrisson continue à rêver, défilent sur les écrans les images visibles et infrarouges de son corps fragile, les courbes de son électrocardiogramme et de sa respiration, et l'analyse de ses vocalises.
Pédiatrie. Objectif de ces scientifiques si soucieux de la tranquillité des animaux ? Proposer un procédé pour tester sur les rongeurs de bas âge des médicaments destinés aux bébés humains. C'est que, depuis janvier 2007, un nouveau règlement adopté par la Commission européenne incite l'industrie pharmaceutique à accélérer ses recherches dans le domaine de la pédiatrie. «Or, parmi