«Des chercheurs ont créé en laboratoire un coeur qui bat.» C'est ainsi que l'université du Minnesota annonçait la publication, le 13 janvier, d'une étonnante expérience réalisée par l'équipe de la biologiste Doris Taylor, directrice du Centre pour la réparation cardiovasculaire. Les chercheurs, apprenait-on, ont pris un coeur de rat, l'ont trempé dans un fluide qui a détruit toutes ses cellules et épargné seulement le «ciment» intercellulaire, la matière biologique constituant la charpente tridimensionnelle de l'organe ainsi que l'arbre vasculaire. Puis ils ont injecté dans cette matière inerte des cellules prélevées sur des coeurs de rats nouveau-nés. Lesquelles cellules ont colonisé la charpente. Huit jours plus tard, celle-ci pompait, comme un petit coeur. Certes, son débit était modeste - 2 % de l'activité normale d'un coeur de rat- mais inversement proportionnel à celui du flot de spéculations qui ont accompagné l'annonce: «L'idée est de développer [par cette méthode, ndlr] des vaisseaux et des organes transplantables constitués de cellules issues du donneur» déclarait Doris Taylor, qui a déposé une demande de brevet sur le cocktail d'agents utilisés pour décellulariser le coeur de rat et alimenter les cellules implantées.
L'histoire a fait sensation. A-t-elle un avenir ? Greffera-t-on un jour des coeurs de porc qui, customisés avec des cellules du malade, ne seront pas l'objet d'un rejet, comme le laisse espérer l'équipe américaine ? Entretie