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Libération
Interview

L'élevage néolithique raconté par les dents

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par Pascal HEMON
publié le 29 janvier 2008 à 2h07

Chargée de recherche dans l'unité «Archéozoologie, histoire des sociétés humaines et des peuplements animaux» (CNRS/Muséum national d'histoire naturelle), médaillée de bronze du CNRS en 2005, Marie Balasse est lauréate d'un financement du Conseil européen de la recherche (ERC) remis la semaine dernière à l'issue d'une sélection internationale.

«Je cherche à comprendre comment, en Europe, les communautés pastorales du Néolithique se sont adaptées aux contraintes environnementales et biologiques, avec des savoir-faire dont on ne sousestime plus la sophistication. Lorsque l'élevage du boeuf, du mouton, de la chèvre et du cochon, apparu au Moyen-Orient vers 8500 avant Jésus-Christ, se diffuse depuis les Balkans à travers l'Europe jusqu'aux îles Britanniques entre le VIIe et le IIIe millénaire, l'éleveur néolithique européen doit adapter ses bêtes aux nouveaux environnements rencontrés. En effet, les climats et les cycles saisonniers pèsent à la fois sur les cycles de reproduction et sur l'alimentation des troupeaux.

L'élevage européen du XXIe siècle est riche de ces expériences plurimillénaires. Le contrôle de la saisonnalité des naissances et de la durée de lactation, la gestion du fourrage durant la mauvaise saison, l'exploitation du paysage et la transhumance saisonnière résultent d'un savoir-faire qui a évolué, jusqu'à nous parvenir tel qu'il est aujourd'hui. A l'heure des peurs alimentaires, ces questions sont très actuelles. Elles participent au débat sur les pratiques d'éle