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Libération

La fonte des glaces au miroir des toiles

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publié le 5 février 2008 à 2h12

Une toile de, disons, Jackson Pollock, a peu de chance de faire progresser la physique nucléaire. Mais une aquarelle de William Turner, si elle est bien choisie, est susceptible d'améliorer notre connaissance des évolutions climatiques. A preuve, l'étude que viennent de publier deux géographes suisses dans une revue pour le moins spécialisée (Zeitschrift für Gletscherkunde und Glazialgeologie, vol. 40) : l'article s'appuie sur plus de 150 documents historiques - dessins, récits et tableaux, dont deux de Turner - pour retracer les évolutions de la mer de Glace depuis l'an 1500.

Pourquoi s'intéresser au grand glacier alpin ? Parce que ses avancées et reculs témoignent des fluctuations du climat au fil des siècles. Pourquoi étudier cela à travers le patrimoine artistique ? Mais parce qu'on n'a rien d'autre sous la main, pardi !

Repères topologiques. La mesure scientifique du climat n'a véritablement commencé qu'à la fin du XIXe siècle. Pour remonter au-delà de ce big bang, il faut faire un travail de détective, par exemple en analysant des carottes de glace prélevées aux pôles, ou encore en étudiant les témoignages laissés par nos glorieux aînés. La mer de Glace est un sujet idéal : à partir du XVIIIe siècle, et plus encore au XIXe avec la vague du romantisme, les paysages alpins ont été croqués par quantités de peintres et d'écrivains : Ruskin, Turner, Chateaubriand, Samuel Birmann, Hugo, Jean-Antoine Linck, Caspar Wolf, Viollet-le-Duc, etc.

Evidemm