«Je viens de publier, avec mes collègues, des expériences menées chez la souris prouvant que l'allaitement par une mère exposée à des allergènes respiratoires réduit considérablement les risques d'asthme pour sa descendance (1). Cette corrélation, si elle est confirmée chez l'homme, pourrait amener à repenser les pratiques d'allaitement et la composition des laits maternisés. Et peut-être contribuer à endiguer l'épidémie d'asthme qui frappe jusqu'à 30 % des enfants en Grande-Bretagne et 10 % en France.
Ma recherche sur le rapport entre allaitement et allergie est partie d'une réflexion que je me suis faite, arrivant de Belgique à Nice : en voyant au printemps les trottoirs jaunes de pollen, je me suis demandé si les allergènes que l'on inhale passent dans le lait maternel, et si oui, avec quels effets. Après tout, on sait que le lait porte des traces de l'alimentation de la mère et aussi des anticorps contre certaines infections.
Cette question rejoint mes préoccupations scientifiques : j'essaie de comprendre les fondements de la tolérance immunitaire. Le phénomène de tolérance est vital puisqu'il permet à notre organisme de vivre avec les substances étrangères inoffensives que nous respirons et mangeons. Parfois le système immunitaire lance ses défenses contre certaines de ces substances - protéines de pollen, de lait, de cacahuète -, les identifie comme des parasites et fabrique des anticorps : c'est l'allergie.
Pour comprendre ces phénomènes, l'observation de la période néon