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Libération

Océans en contre-plongée

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publié le 5 février 2008 à 2h13

L'océan, pudique, espérait cacher ses dessous. Sa surface, scrutée par les satellites, n'a plus de mystère. Pas le moindre creux ou bosse n'échappe à leurs altimètres, révélant ses courants superficiels, la hauteur de ses vagues et. la topographie de ses fonds. Sa couleur, signe de vie ou de déserts biologiques, se soumet à l'oeil perçant des espions spatiaux. Mais ses dessous, là où se trame sa circulation profonde, restaient énigmatiques. A l'exception des tropiques où quelques dizaines de bouées fixées au fond surveillent ses frasques. Le reste, immense, ne lâchait ses secrets que lors des fugaces coups de sondes des océanographes, au long de leurs navigations. Or, les dessous de l'océan, «c'est décisif pour comprendre son fonctionnement, son rôle climatique ou la répartition des nutriments à l'origine de toute la vie marine», explique Pierre-Yves Le Traon, de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer).

Logistique. Poséidon va pourtant perdre sa dernière part de mystère. L'outil de ce dévoilement ? Une armada sous-marine : 3 000 espions, baptisés «flotteurs dérivants» par les ingénieurs et disséminés dans toutes les grandes mers du globe. Ces engins automatiques plongent jusqu'à 2 000 mètres, enregistrent températures et salinité, remontent en surface et envoient leur précieux butin ainsi que leur position aux laboratoires du monde entier. «Un rêve d'océanographe, car ces paramètres permettent de savoir comment l'océan, en lia