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Libération

Déplacer des montagnes de glace

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publié le 19 février 2008 à 2h23

Mohammed al-Faisal est un de ces hommes à qui l'argent donne des idées. Des idées grandioses. Au début des années 70, ce prince saoudien est gouverneur de la Saline Water Corporation de Djedda (Arabie Saoudite). L'afflux des pétrodollars lui fait passer le goût de l'eau désalinisée, et il se lance avec enthousiasme dans une entreprise spectaculaire : le remorquage d'icebergs pour approvisionner en eau douce l'Arabie Saoudite.

Caprice de milliardaire ? Nullement. L'idée est dans l'air du temps, de même qu'aujourd'hui des Norvégiens songent à mettre en bouteilles l'eau des glaciers fondant sous l'effet du réchauffement de la planète. En 1973, c'est une autre chanson, susurrée par le faible coût des transports à la veille de la crise de l'or noir. Ainsi, cette année-là, deux fins connaisseurs de l'Antarctique publient dans le Journal of Glaciology une étude montrant que le remorquage d'icebergs jusqu'en Australie ou en Amérique du Sud fournirait de l'eau douce au prix imbattable de 3 cents le mètre cube. La même année, la Rand Corporation, un think tank proche des militaires américains, affirme que l'on pourrait même pousser le glaçon jusqu'à la Californie pour 12 cents de plus par mètre cube. Spécialistes de l'observation depuis l'espace, les deux coauteurs du rapport en profitent pour faire la promotion des derniers satellites qui permettront de repérer les candidats au remorquage dérivant dans l'océan Antarctique.

Barrière flottante. Mohammed al-Faisal a lu toute