«Je cherche à comprendre comment se construit, chez les humains, ce que l'on appelle le «sens de la musique» (1). Relève-t-il de l'inné, ou de l'acquis ? Beaucoup de psychologues soutiennent que la musique est un jeu de l'esprit qui s'apprend comme tout autre code, tel le morse. Je défends une hypothèse qui n'a pas le vent en poupe : je pense que le sens de la musique est inscrit dans les gènes de l'homme. Si cette hypothèse est correcte, la très grande majorité des personnes chante juste, c'est-à-dire en respectant la hauteur des notes, sans dissonance. Les autres présenteraient un fort taux d'une pathologie identifiée depuis à peine une décennie : l'amusie congénitale - ce dernier terme signifiant que l'affection date de la naissance sans que l'on sache pourquoi. Ces personnes sont incapables de développer la moindre compétence musicale, alors même qu'elles ne souffrent d'aucun retard mental. Elles ignorent si elles chantent juste et ne parviennent pas à reconnaître un air très célèbre dès lors qu'il est chanté ou joué sans les paroles. Ainsi, au cours de nos expériences, un homme atteint d'amusie a bien reconnu la Marseillaise dès que les premiers mots furent récités sur un ton neutre, mais ne parvint pas à l'identifier en entendant les notes seules.
Afin de tester l'hypothèse selon laquelle la majorité chante juste, nous avons notamment mené une expérience dans les parcs de la ville de Montréal. Un étudiant s'est présenté avec un enregistreur et a demandé aux badau