Vu de loin, le cargo spatial Jules-Verne, c'est un bidon. Blanc, rutilant, avec de jolies ailes bleues en croix de plus de 20 mètres d'envergure. Et gros : on logerait «un bus à impériale» dans ses 10 mètres de long pour 4,5 de diamètre, affirme l'Agence spatiale européenne (ESA). Vu de près, c'est du lourd. Un programme décidé en 1995, à Toulouse, résultat d'un étripage franco-allemand sur la place des vols habités dans la politique de l'Agence spatiale européenne. Treize années plus tard, un milliard trois cents millions d'euros et le travail de 1 500 ingénieurs et techniciens de dix pays l'ont transformé en un objet bien concret, bijou de technologie trônant au sommet d'une Ariane, à Kourou. Décollage prévu de l'astroport européen, en Guyane française, pour la nuit du samedi 8 au dimanche 9 mars. Un rendez-vous crucial pour cet engin qui cumule quelques superlatifs signalant le rôle qu'il tient dans le développement des technologies spatiales maîtrisées par l'Europe.
Jules-Verne sera tout d'abord l'engin le plus lourd - près de 20 tonnes - jamais lancé par Ariane. L'ESA va ainsi mettre à profit toute la puissance de son lanceur fétiche. Le 7 février dernier, peu après le tir d'Atlantis, la navette américaine qui emportait dans sa soute le laboratoire Columbus, le directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain, émit ce joli mot de soulagement : «13 tonnes aujourd'hui et 20 tonnes dans un mois. Après ça, nous allons