«L'avenir de l'humanité dépend des océans», déclare le président américain John Kennedy en 1961. L'exploration des fonds marins fascine alors tout autant que celle de l'espace. Et promet surtout d'être autrement plus lucrative. Sur les clichés des océanographes, les fonds océaniques apparaissent en effet recouverts de boulettes gorgées de métaux. Manganèse, cuivre, cobalt, nickel. On connaissait l'existence de ces nodules polymétalliques depuis la fin du XIXe siècle, mais nul n'imaginait qu'ils étaient aussi abondants. L'avenir de l'industrie minière semble alors passer par l'exploration des fonds marins.
Rien qu'entre 1970 et 1972, quelque 80 tentatives de récupération de ces nodules sont conduites. Etats-Unis, URSS, Japon, Allemagne, France. Alors que les cours des métaux sont au plus haut, et que la multiplication des nationalisations de mines dans les nouveaux Etats du tiers-monde fait craindre pour la sécurité des approvisionnements, toutes les grandes puissances se lancent dans la course, dans une ambiance de ruée vers l'or. La discrétion, sinon le secret, est de mise. La CIA en profite astucieusement, en camouflant sa tentative de renflouage d'un sous-marin soviétique coulé en une entreprise de prospection minière océanique menée par le fantasque milliardaire Howard Hughes.
Aspirateurs sous-marins. Les publications sont rares, et chacun garde jalousement ses données. En 1973, le géologue américain David Horn publie cependant une première carte, qui montre que le