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Libération
Interview

«Une possible épreuve de force»

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publié le 4 mars 2008 à 2h34

Pourquoi participez-vous à cette réunion des responsables de laboratoires de recherche aujourd'hui, au Collège de France ?

F.S. : Parce que je crains, comme de nombreux collègues, que le gouvernement franchisse des «lignes jaunes» avec un effet dévastateur. Cette perspective nous conduit à nous interroger sur une possible épreuve de force, au niveau de ce qu'elle fut il y a quatre ans, lorsque la démission massive des directeurs de laboratoires avait contraint le gouvernement de monsieur Raffarin à reculer.

Quelles lignes jaunes ?

C.J. : D'abord une précarisation massive des jeunes chercheurs et enseignants-chercheurs. Actuellement ceux-ci sont recrutés sur des emplois stables à bac + 10 au mieux, après un long et rude parcours sélectif. Le gouvernement, qui n'a créé cette année aucun emploi à l'université, entend prolonger la période de précarité par des CDD de quatre ans, voire huit ans, déplaçant l'accession à un emploi stable à près de 40 ans. Cela risque de détourner les étudiants des carrières scientifiques, alors que le manque de postes et la faiblesse des rémunérations (1 700 euros net en début de carrière) dissuadent certains des plus brillants de s'y engager ! La précarité avant 40 ans fragilisera encore plus les jeunes chercheuses : contraintes de choisir entre participer à la compétition féroce pour décrocher un poste ou fonder une famille, beaucoup seront tentées d'abandonner toute carrière scientifique. Les avancées scientifiques significatives sont le plus souven