«Je travaille sur les élections indirectes et leur manipulation. Dans ce type de suffrage, les citoyens votent dans une circonscription pour un candidat qui lui-même, s'il remporte le scrutin, élira le vainqueur final. L'inconvénient de ce système est que le résultat des votes peut être manipulé par de simples déplacements d'électeurs. Et les politiciens le savent bien. En 1989 et 1995, des électeurs non résidents ont été inscrits sur les listes du IIIe arrondissement de Paris en faveur du candidat de droite. Plus récemment, George Bush a gagné l'élection présidentielle de 2000 face à son adversaire démocrate Al Gore avec une avance de seulement 537 voix en Floride. Or la législation de cet Etat facilite le vote des personnes y possédant une résidence secondaire, ce qui rend les déplacements d'électeurs plus aisés.
J'ai donc cherché, avec d'autres collègues, l'ensemble des règles de vote dans lesquelles les mouvements d'électeurs n'auraient aucune influence sur le résultat final de l'élection. Mathématiquement, on peut construire de telles règles mais elles nécessitent toutes de traiter les candidats de manière inéquitable, ce qui est totalement absurde au regard de critères démocratiques ! Au final, nous avons démontré que, dans un scrutin indirect, une règle de vote impartiale à l'égard des candidats est forcément manipulable.
Toutes les règles sont donc imparfaites. A partir de là, il s'agit de trouver la moins manipulable ! C'est ce que je tente de faire à présent, en comp