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Interview

Jean-Michel Besnier «Le refus des conditions humaines»

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Jean-Michel Besnier, professeur de philosophie à l'université Sorbonne-Paris-IV
publié le 18 mars 2008 à 2h45

Membre du centre de recherches en épistémologie appliquée (CNRS/Ecole polytechnique), Jean-Michel Besnier prépare un essai sur le posthumanisme qui entend répondre à la question : quel système de valeurs éthiques nous permettra de régler nos relations avec les non-humains, notamment avec les robots ?

Que sont ces mouvements transhumanistes ?

La cause transhumaniste, qui est pratiquement inexistante en France, attire aux Etats-Unis des milliers de personnes. La World Transhumanist Association, fondée en 1998 par le philosophe suédois Nick Bostrom, directeur du Future of Humanity Institute ouvert au sein de la faculté de philosophie de l'université d'Oxford, chapeaute de nombreuses antennes à travers le monde, mais reste une spécificité de l'Occident industrialisé.

Les transhumanistes puisent leurs arguments dans les succès des nanotechnologies pour soutenir que la science est sur le point de dépasser l'humanité et l'obligera à aller au-delà d'elle-même. C'est pour eux une nouvelle manière de penser l'évolution. Ils affichent donc ce néodarwinisme pour justifier la conviction qu'il faut dès maintenant mobiliser nos ressources technoscientifiques pour orienter la sélection naturelle et tendre ainsi vers une postérité.

Que serait donc cette postérité de l'humanité ?

Par définition, nul ne peut le savoir. Ray Kurzweil (1) nomme «singularité» l'avènement de ce «radicalement nouveau» qui résultera sans doute de la fusion prochaine de l'homme et de la machine ai