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Libération

Les maîtres du déluge

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publié le 18 mars 2008 à 2h44

Le 8 août, il ne pleuvra pas sur Pékin pour la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. C'est ce qu'affirme le très officiel «Bureau de la modification du temps» chinois, qui promet de faire tomber la pluie avant les manifestations afin que le soleil brille sur la flamme. Il mise ainsi avec une remarquable assurance sur des technologies de manipulation météorologique nées au début de la guerre froide pour inonder l'Union soviétique.

Archimède avait sa baignoire, Newton son pommier, et Vincent Schaefer son congélateur. Celui qui passe pour l'inventeur de la pluie artificielle aimait à raconter comment, un beau jour de 1946, il avait eu son idée de génie. Il avait fait tomber un glaçon dans une chambre froide saturée d'humidité, et les éclats du morceau de glace fracassé avaient aussitôt transformé son haleine en nuage chargé de gouttes d'eau. Eurêka ! Il suffirait d'ensemencer des nuages avec de petits cristaux pour accélérer la condensation des gouttelettes et faire tomber de la pluie.

Averse de neige. Enthousiaste, le chimiste loue un petit avion. Survolant le Massachusetts, il disperse 6 livres (soit environ 2,7 kilogrammes) de glace pilée dans un nuage. et provoque une averse de neige. Dans la tour de contrôle d'où il suit l'expérience, le directeur du laboratoire de la compagnie General Electric, qui emploie Schaefer, exulte. C'est Irving Langmuir, prix Nobel de chimie 1932 et vieil ami de Vannevar Bush, la tête pensante de la recherche militaire américaine. Les deux hom