Imaginez un bloc de verre, lourd et compact comme une Bible, brillant comme un cristal, trônant sur la cheminée. Contre toute intuition, ceci n'est pas un presse-papiers mais le réceptacle des cendres de l'être cher, réalisé sur une idée originale de Pascal Viroux, ingénieur non moins original, passionné d'art funéraire. Feue la bonne vieille urne toujours prête à se renverser, les restes du bien-aimé sont inclus à jamais dans la matière même du bloc. Le reliquaire de verre, qui n'a guère d'avenir en France où la loi interdit désormais la détention des dépouilles incinérées, a peut-être un horizon plus chanceux outre-atlantique. Il n'en reste pas moins qu'il est le fruit du progrès scientifique, et plus précisément de la collaboration développée depuis les années 90, en Lorraine, haut lieu de création verrière, entre chercheurs et artistes, et récemment dopée par le lancement d'un nouveau programme de recherche interdisciplinaire.
«Cercueil». Deux ans d'études ont été en effet nécessaires pour obtenir une formule stable donnant au verre du reliquaire la transparence et l'éclat du cristal et mettre au point un procédé consistant à introduire la cendre en substitution à des éléments entrant normalement dans la composition du verre. «Nos chimistes ont d'abord travaillé à l'identification des particules indésirables qui altèrent la qualité du verre comme les métaux présents, par exemple, dans les poignées du cercueil. Nous avons ensuite recherché comment intégrer la totalité d