L'Allemagne a enterré, la semaine dernière, un vieux rêve : celui du Transrapid, un train monorail circulant grâce à la lévitation magnétique. Conçu à la fin des années 60 par des ingénieurs allemands, ce véhicule futuriste n'a jamais été vendu qu'à la Chine, en 2002, pour relier Shanghai à son aéroport. Il devait faire la navette entre Munich et son terrain d'aviation à la vitesse moyenne de 240 km/h, avant de conquérir l'Europe. Trop cher, a estimé Berlin. Il ira donc rejoindre le cimetière des monorails où gît son prédecesseur français, l'Aérotrain. Les victoires du TGV et de son dernier rejeton, l'AGV, l'automotrice à grande vitesse, bien ancrés sur leurs deux rails, l'ont fait oublier : l'Aérotrain passait, il y a moins de quarante ans, pour l'avenir de la grande vitesse ferroviaire.
L'engin était né de l'opiniâtreté de Jean Bertin, un ingénieur à la Jules Verne, passionné jusqu'à l'aveuglement. Sa grande affaire était le «coussin d'air», procédé qui permet à un véhicule de flotter sur une couche de gaz à haute pression de quelques millimètres. La société Bertin et Cie, qu'il a fondée en 1955 après un début de carrière à concevoir des moteurs à réaction à la Snecma, en détient les brevets. Et entreprend de les faire prospérer tous azimuts : naviplanes terrestres, aéroglisseurs marins. et aérotrain ferroviaire, guidé par un rail de béton en forme de T renversé.
Chasse gardée. Le premier prototype voit le jour en 1965 et atteint les 300 km/h l'année suivante. Hommes politiq