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Libération

«Etudier les tablettes de la première écriture connue»

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publié le 8 avril 2008 à 3h01

«Mon domaine de recherche, désigné sous le nom d'assyriologie, couvre en fait l'étude de l'ensemble de la Mésopotamie antique. L'Assyrie correspond au nord de l'Irak actuel, où débutèrent les fouilles au XIXe siècle, tandis qu'au sud se trouvait la Babylonie, ces deux régions formant la Mésopotamie. Plus précisément, j'étudie les textes écrits sur des tablettes d'argile en cunéiforme. Il s'agit là de la toute première écriture connue à ce jour. En effet, son origine remonte à 3200 avant Jésus-Christ. Contrairement au papyrus et au parchemin qui les ont plus tard supplantées, les tablettes en argile, cuites, résistent à la chaleur et à l'humidité, et se conservent donc très bien. A ce jour, plus de 500 000 textes ont déjà été publiés, ce qui fait de la civilisation mésopotamienne l'une des mieux documentées de l'antiquité en dépit de son âge très reculé.

Je m'intéresse particulièrement aux écrits de la première moitié du second millénaire avant Jésus-Christ, période très riche d'informations car cette technique d'écriture était alors à son apogée dans tout le Proche-Orient. C'est de cette époque que datent les tablettes à la publication desquelles je travaille, avec d'autres chercheurs. Découvertes à Mari, en Syrie, et datées du XVIIIe siècle avant J.-C., elles constituent un vrai trésor. Ce sont les archives des cinquante dernières années de la vie de ce royaume dont elles offrent une sorte d'instantané. Elles nous renseignent sur la politique intérieure du royaume en matière