De notre correspondant à New Delhi. Le tigre du Bengale, animal emblématique s'il en est, vient de faire un saut historique, dans le vide. Le mois dernier, un rapport gouvernemental indien a révélé que le pays ne compte plus qu'entre 1 165 et1 657 tigres, soit presque deux fois moins que le chiffre de 3 650 bêtes annoncé par le dernier recensement, en 2002. Une catastrophe lorsqu'on sait que ce pays, qui comptait 40 000 individus au début du XXe siècle, est censé abriter plus de la moitié de la population mondiale de cette espèce protégée. La découverte de l'état misérable des effectifs de l'espèce confirme hélas ce que les experts affirment depuis des années : le tigre du Bengale est en péril, sous le feu de menaces multiples : braconnage, morcellement de son habitat grignoté par le développement économique, disparition de ses proies, et incurie politique. «Nous savions depuis longtemps que le pays ne compte guère plus que 1 500 tigres, affirme Valmik Thapar, le grand expert indien du tigre, membre du National Board for Wildlife (Comité national pour la faune). Simplement, le gouvernement utilisait une technique de recensement aberrante qui lui permettait de sauver la face en produisant un chiffre plus élevé.»
Réserves. La révision des estimations tient avant tout à un changement de mode de comptage. Jusqu'ici, les tigres indiens étaient dénombrés grâce à la technique dite du pugmark, artisanale et imprécise. Imaginée par un garde forestier dans