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Libération

L'aube du crépuscule pétrolier

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Rétrovision. En 1956, le géologue américain King Hubbert prévoit l'épuisement de l'or noir.
publié le 15 avril 2008 à 3h06

On l'appellerait aujourd'hui un lanceur d'alerte. Lorsqu'il présente, en mars 1956, le graphique qui porte aujourd'hui son nom démontrant que la production pétrolière américaine s'achemine vers un pic autour de 1970 (et la production mondiale autour de l'an 2000), le géologue américain Marion King Hubbert ne rencontre que scepticisme et indifférence.

Ses travaux sont pourtant on ne peut plus fondés. Ils s'appuient sur les courbes de production de gisements américains déjà épuisés, dans un pays où presque tout le pétrole est recensé, ce qui y permet une prédiction exacte. Il extrapole à l'ensemble de la planète - de manière moins précise car il reste du pétrole à découvrir - et en arrive à une conclusion implacable : les réserves de pétrole vont s'épuiser au début du troisième millénaire pour des raisons strictement géologiques. Et le nucléaire devra impérativement prendre la relève, ajoutent certains.

«Excités». Mais la rigueur de la démonstration n'impressionne pas ses supérieurs de la Shell qui le placardisent. Le grand public n'entend jamais parler de ses travaux. «On doit prêcher le calme aux excités qui dénoncent comme folle notre cadence actuelle de consommation pétrolière», tance doctement Sciences et Avenir en décembre 1956. Car ces «excités» commencent à se faire entendre depuis l'été. La fermeture par le colonel Nasser du canal de Suez, par lequel transitaient les pétroliers en provenance d'Arabie saoudite, a fait prendre conscience à l'Europe qu'elle d