Parfois, les médailles que se distribuent les scientifiques ont un sens politique. C'est le cas de la série décernée par l'assemblée générale de l'Union européenne des géosciences (EGU), cette semaine à Vienne (Autriche). D'abord, la répartition par pays des heureux récipiendaires. Sans frontières, la science ne reconnaît que le résultat. Logique, donc, que la société savante européenne félicite six Américains. Moins attendue, la pole position de la France, avec huit lauréats. Alors que le Royaume-Uni se contente de six, et l'Allemagne de trois. Le système de recherche public national, vilipendé par le gouvernement, n'est donc pas si nul que cela.
Les spécialités françaises récompensées éclairent la politique de la recherche. Si Pierre Morel reçoit la médaille Alfred Wegener, c'est pour son rôle en météo et en climatologie permis par les investissements réguliers dans les technologies spatiales. Même motif pour Christophe Sotin (université de Nantes, Nasa) et Jean-Pierre Bibring (Institut d'astrophysique spatiale, Orsay), responsables d'instruments spatiaux embarqués vers la planète rouge par Mars Express et vers une comète par la sonde Rosetta, deux missions de l'Agence spatiale européenne. En récompensant Dominique Raynaud (CNRS, Grenoble), pionnier de l'analyse des gaz à effet de serre dans les archives glaciaires, l'EGU souligne à quel point ses travaux ont instruit le dossier climatique, aux résonances politiques majeures. Là aussi, c'est la continuité de l