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Libération

Chercheurs d'or vert en Guyane

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publié le 29 avril 2008 à 3h15

Envoyée spéciale à Cayenne.

C'est l'histoire du bois-canon et de la fourmi. Alain Dejean, universitaire au teint buriné par des décennies de recherches tropicales, la raconte sur le terrain. Une piste forestière, à quelques kilomètres seulement de l'astroport de Kourou, en Guyane française. Le biologiste, bottes bien plantées dans la gadoue, fait court mais précis, écrivant lui-même, d'autorité, sur le carnet du journaliste, les termes latins - Azteca alfari pour la fourmi, Cecropia obtusa pour l'arbre. On entend les oiseaux, le zonzon des insectes, le tout dans une explosion de vert et de chaleur humide. Mais Alain Dejean ne se laisse pas détourner de sa mission : démontrer in vivo quels trésors de «coévolution entre plantes et insectes» la forêt de Guyane offre aux scientifiques, et donc justifie leur présence permanente (lire ci-dessous).

L'histoire donc. L'arbre, le bois-canon dit-on ici, une «espèce pionnière», précise le biologiste, s'installe aux lisières, au bord des pistes, là où le soleil abonde après qu'une trouée, formée naturellement ou par un bulldozer, eut ouvert l'espace forestier. Il pousse à une vitesse impressionnante, pour gagner sa place au soleil. Une lutte qu'il ne peut toutefois gagner qu'avec l'aide d'Azteca alfari. Une petite fourmi noire qui ne vit que sur lui, et se nourrit. en le débarrassant des insectes, champignons et autres malfaiteurs. Mais comment s'assure-t-il de son concours ?

«Arbre creux». En lui offrant