«Mon domaine de recherche porte sur la construction du marché de la musique en ligne. J'analyse son organisation et les bouleversements qu'il engendre dans l'économie traditionnelle de la musique. En ce moment, je travaille spécifiquement sur l'émergence des artistes autoproduits. Avec Internet, l'offre musicale en ligne est aujourd'hui considérable et permet au plus grand nombre d'étendre sans limite sa culture musicale. Mais force est de constater que la plupart des gens n'achètent pas pour autant plus de musique. Les achats de musique sur Internet suivent encore le modèle des 80-20, très classique dans l'économie des biens culturels : 80 % du chiffre d'affaire se fait sur 20 % du catalogue. Ainsi, les grandes stars continuent de faire l'essentiel des ventes.
En revanche, le développement de nouveaux moyens de médiations comme le peer to peer ou MySpace est un véritable tremplin pour de nombreux artistes autoproduits qui n'étaient même pas référencés en magasin. Ils trouvent ainsi un espace de promotion et donc une audience, même s'ils ne vendent pas. C'est en fait pour les artistes de niveau intermédiaire que l'économie de la musique en ligne est plutôt défavorable, et cela pose la question de l'avenir de la vocation artistique. Si l'autoproduction devient un modèle alors les carrières musicales pourraient être totalement bouleversées. Les artistes réaliseraient un ou deux albums puis retourneraient dans l'anonymat, faute de pouvoir réellement vivre de leur activité. Le fa