La solution du désespoir serait vraiment désespérée. C'est la dernière mauvaise nouvelle du côté du climat. La solution du désespoir, c'est celle suggérée par Paul Crutzen, prix Nobel de chimie. Dans un article retentissant de la revue Climatic Change (1), paru en 2006, ce scientifique de haute volée préconisait un remède de cheval pour refroidir la planète au cas où l'humanité se révélait incapable de maîtriser ses émissions de gaz à effet de serre. Il proposait d'imiter la nature, lorsque de violentes éruptions volcaniques injectent dans l'atmosphère des tonnes de minuscules aérosols sulfatés. Ces aérosols augmentent l'albédo de la Terre, la proportion de l'énergie solaire directement renvoyée dans l'espace par la stratosphère, sans qu'elle puisse réchauffer la basse atmosphère ou le sol.
Ballons. Las, expliquent dans la revue Science (2) trois spécialistes de la chimie atmosphérique, cette géoingéniérie aurait une autre conséquence, négative celle-là : détruire la couche d'ozone stratosphérique, indispensable à la protection des animaux et des végétaux des rayons ultraviolets agressifs du Soleil. L'idée de Paul Crutzen s'inspirait d'une donnée bien connue des climatologues. En juin 1991, l'éruption du Mont Pinatubo, la plus importante depuis celle du Krakatoa, en 1883, injecta dans la stratosphère au moins 17 millions de tonnes de dioxyde de soufre. Ces aérosols engendrèrent un effet majeur : un refroidissement de 0,5 °C à 0,6 °C sur l'hémisphère nord et 0,4