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Libération

La sale bête qui monte.

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Ecologie. La chenille processionnaire, insecte méditerranéen qui ravage les pins et provoque des boutons, progresse toujours plus au Nord.
publié le 6 mai 2008 à 3h20

Toute personne qui a passé son enfance dans une région méditerranéenne sait qu'un pique-nique printanier à l'ombre d'une pinède peut se solder par une crise d'urticaire géante. Pas à cause des sandwichs maternellement préparés, mais des chenilles processionnaires qui cassent la croûte, elles aussi, sur les hauteurs des résineux. Ces insectes ont en effet pour fâcheuse habitude de larguer, en réponse à la menace d'un prédateur ou d'un quelconque contact, un allergène puissant. Il s'agit en l'occurrence de poils toxiques et acérés comme des flèches qu'elles serrent dans des petits sacs, aux plis de leurs anneaux, sous leur longue soie duveteuse qu'on a très envie de titiller quand on ignore la peste qui s'y cache. Et c'est bien là le premier problème. Les ignorants sont de plus en plus nombreux en France «car la chenille, plutôt méridionale, ne cesse de conquérir de nouveaux territoires : elle progresse vers le nord, colonisant des zones où l'on ignore les risques qu'elle présente», explique le biologiste Alain Roques, directeur d'un laboratoire de l'Inra, près d'Orléans, qui traque depuis plusieurs décennies les insectes ennemis des arbres forestiers.

«Jus de poil». «Dans les années 60, on étudiait les chenilles processionnaires parce que ce sont des ravageurs des pins dont elles perturbent la croissance. Depuis les années 80, elles sont également devenues un problème de santé publique humaine et même vétérinaire», explique-t-il. Des enfants, des adultes, des ani