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Libération

L'Amérique à la chasse aux cerveaux

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publié le 13 mai 2008 à 3h26

La fuite des cerveaux provoque aujourd'hui une «inquiétante hémorragie», déclarait la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Valérie Pécresse en juillet dernier, en annonçant le lancement de son «chantier jeunes chercheurs». Il y a quarante ans, son prédécesseur Maurice Schumann était loin de partager ces inquiétudes. «Nos chercheurs demeureront en France parce que, je l'espère et je le crois, la France se montrera digne d'eux», répondait-il en janvier 1968 à un journaliste inquiet de l'arrivée en France de la Careers Incoported. Cette société annonçait crûment venir «acheter des cerveaux».

Credo. A la tête de la firme américaine, un jeune diplômé de Yale, William Angus Douglass. Son credo : «Le brain drain est la conséquence de la mobilité des talents à l'échelle mondiale. Il est le signe de la suprématie de l'esprit sur la matière.» Avec sa trentaine de collaborateurs, il a entrepris, dès 1966, de démarcher ingénieurs et scientifiques britanniques pour le compte de grandes firmes américaines de l'aéronautique, de l'électronique et du nucléaire. Logement, frais d'installation, visas : les chasseurs de têtes de la Careers Inc se chargent de tout. Avec un succès impressionnant : en dix-huit mois, la firme se targue d'avoir approché 1400 personnes et débauché la moitié.

Le gouvernement britannique, échaudé par le départ aux Etats-Unis du numéro 2 de sa recherche nucléaire, renonce cependant à contrôler les activités de Careers Inc. <