Dans la série «Tout se joue avant la puberté», voici une nouvelle recrue : le sommeil. Une équipe menée par la neurobiologiste Joëlle Adrien, directrice de recherches à l'Inserm, vient de montrer que les mécanismes régulant le sommeil durant toute la vie se mettent en place au cours de l'enfance. Mieux - ou pire -, l'exposition à des antidépresseurs durant cette période peut induire une tendance durable à l'insomnie et la dépression. Ces travaux, publiés en avril dans Journal of Neuroscience, ont été menés chez la souris, modèle animal dont les variantes transgéniques ont permis des avancées dans la compréhension de la dépression et des troubles du sommeil depuis la fin des années 90.
Sérotonine. Les biologistes ont fait cette découverte dans le cadre des recherches qu'ils mènent depuis vingt ans «pour élucider les liens entre les troubles du sommeil et la dépression», explique Joëlle Adrien. L'existence d'une telle liaison ne fait de mystère pour personne, tant elle est patente au plan clinique : l'état dépressif est corrélé à un type particulier de trouble du sommeil qui se caractérise par un réveil plusieurs heures avant l'heure. Les enregistrements cérébraux ont montré que cette insomnie est associée à une absence de sommeil profond. «Le sujet se lève fatigué au point qu'on a longtemps pensé que l'insomnie provoque la dépression, relève la neurobiologiste. On sait aujourd'hui que l'insomnie est l'un des symptômes majeurs de la dépression mai