«J'essaie de comprendre le fonctionnement de notre appareil de production de parole : la bouche. En collaboration avec le laboratoire Gipsa-Lab, je travaille à modéliser la biomécanique des ensembles de gestes d'une précision phénoménale qui permettent de formuler des phonèmes, des mots, avec des intonations et débits spécifiques. Dire «r», «t» ou «s» est le fruit d'une séquence d'actions très complexe. Entrent en jeu les mouvements de l'air chassé par les poumons, ceux des cordes vocales, des lèvres, de la mâchoire et aussi de la langue. Cet organe m'intéresse tout particulièrement car il joue un rôle majeur dans. le langage humain.
Avec sa vingtaine de muscles et ses très grandes capacités sensorielles et motrices, la langue peut exécuter des mouvements très précis, à très grande vitesse. Les sons que l'on prononce dépendent aussi de la façon dont elle exerce une pression sur le palais et les dents. Pour mesurer les variations de pressions selon les phonèmes prononcés (par exemple entre «t» et «s»), nous venons de mettre au point, avec des collègues lyonnais et le doctorant en odontologie Christophe Jeannin, un système de capteurs de pressions intégrés à des prothèses dentaires et dont les signaux sont reçus sur ordinateur. Ces prothèses sont destinées à des patients volontaires pour participer à nos recherches. L'objectif de cette collecte de données est de participer à la validation du modèle virtuel biomécanique du fonctionnement de la langue que nous avons développé.
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