Les abeilles vont mal, l'affaire est entendue. Pesticides, virus, parasites, habitat morcelé, changement climatique, mauvaises pratiques apicoles. Tous les experts s'accordent à dire que les causes de l'affaiblissement des apidés sont multiples, seul le rôle relatif de chacune est l'objet de débats, vifs. Et si, à tous ces maux, s'en ajoutait un, plus sournois encore : la malnutrition ? L'hypothèse est émise en sourdine depuis une quinzaine d'années par des apiculteurs. La solution, expérimentée à grande échelle depuis deux ans à peine, a un nom : «jachère apicole». Elle consiste à cultiver des fleurs pour alimenter les butineuses, en utilisant les terres agricoles non cultivées, et notamment celles «gelées» par la PAC dans le cadre de la lutte contre les excédents céréaliers. L'idée commence à faire son chemin. au moment où Bruxelles réduit son soutien au gel de terres.
Nectars. L'hypothèse d'une disette des abeilles s'appuie sur un constat : si la France ne manque pas de pâturages, de prairies et de forêts où foisonnent des fleurs sauvages gorgées de nectars et de pollens, elle présente aussi de vastes espaces de monoculture, telles la Beauce et la Picardie, où les plantes fleurissent par pics, laissant ensuite des hectares entiers sans aucune fleur. Et les abeilles, en régime maigre. «En France, la floraison de printemps des arbres fruitiers et du colza s'achève vers le 15 mai. Après, il n'y a pratiquement plus de fleurs pendant six semaines alors que les colonies sont