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Libération
Interview

La campagne, un souvenir

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publié le 17 juin 2008 à 3h55

Ici une éolienne, là une route, ailleurs un golf. L'espace rural est convoité par une diversité de plus en plus grande d'acteurs et d'intérêts. Quelles formes prendront, dans les décennies à venir, les conflits liés à son partage ? Violences, concertations ? Cette question est au coeur des recherches menées par André Torre, directeur de recherches à l'Inra. Economiste du territoire et de l'innovation, il a étudié les relations de confiance et de collaboration entre entreprises avant de s'intéresser aux déterminants de conflits d'usage de l'espace dans les zones rurales.

Comment voyez-vous l'avenir de l'espace rural ?

Essentiellement comme un lieu d'urbanisation diffuse, sur le modèle belge ou néerlandais : des maisons un peu partout, un territoire «mité» par l'habitat et des installations en tous genres. Mais aussi des zones vides de gens. L'urbanisation diffuse, c'est déjà le cas sur tout le littoral, où la pression est très forte entre des usages concurrents - tourisme, industrie, transports, résidences. La tendance est exactement inverse à celle décrite en 1947 par le géographe pétainiste Jean-François Gravier dans son livre Paris et le désert français en 1972.

L'auteur prédisait que la France serait vidée au profit de Paris et de quelques grandes villes. Il pensait que le mouvement engagé depuis le début du siècle allait se poursuivre : alors que la population rurale avait été décimée par les deux guerres, l'agriculture employait de moins en moins de ruraux qui parta