Un savoir-faire unique est aujourd'hui menacé par l'impitoyable concurrence de la machine. Un geste, transmis d'homme à homme depuis un demi-siècle : le lavage du «Grand K», le célèbre kilo-étalon entreposé au Bureau international des poids et mesures (BIPM) à Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, sous trois cloches de verre, dans un coffre-fort à trois clés détenues par trois personnes. La procédure de son nettoyage, jusqu'ici accompli de main de maître, subit un réexamen scientifique. Une équipe de chercheurs du National Physical Laboratory (NPL) venue de Teddington, au Royaume-Uni, teste actuellement dans le local sévrien un dispositif automatique susceptible de nettoyer l'étalon.
Le fameux cylindre de métal, fait d'un alliage de platine et d'iridium, est un objet précieux à tous égards, puisqu'il fixe urbi et orbi la valeur de l'unité de masse, à 50 millionièmes de gramme près. Tandis que les autres grandeurs du Système international - tel le mètre dont l'étalon en platine a été remplacé par un calcul fondé sur la vitesse de la lumière - sont désormais déduites de constantes fondamentales ou atomiques de la nature, le poids des choses dépend toujours de celui de ce «prototype international». Résolument matériel, il est sujet au surpoids. de crasse.
Certes, depuis la première «conférence générale des poids et mesures» en 1889, les membres du BIPM suivent des règles dont le but est de conserver le «Grand K» dans son état d'origine. L'étalon ne doit être manipulé que très rarement