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Libération
Critique

Les trajets d'«homo»

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publié le 17 juin 2008 à 3h55

Après vingt-deux ans de Collège de France, Yves Coppens publie ses «leçons». Des mots mis «au propre» dirait l'instituteur, sur une longue histoire, «de quatre millions d'années, 70 milliards d'individus et 200 000 générations». Ce livre permet de (re)découvrir cette période fondatrice où le cadre temporel et géographique du processus évolutif conduisant à l'homme fut fixé.

La racine biologique des hommes plonge en Afrique tropicale ; notre cousinage génétique d'avec les chimpanzés et gorilles s'explique par nos ancêtres communs. Ces acquis sont définitifs. Yves Coppens avoue qu'il faut abandonner l'East Side Story, le scénario qu'il avait avancé pour expliquer l'évolution vers Homo. Mais il ne peut que conserver cette question darwinienne : comment, alors que «le cheval court plus vite, l'éléphant mange plus dur»,«l'homme se lève, réfléchit, fabrique et s'organise pour mieux se défendre ?» En ces temps d'offensive créationniste, on touche là au «noyau dur» de l'approche rationaliste de notre identité.

En filigrane des leçons des années 80, on trouve les questions irrésolues. Quels liens de parenté y a-t-il entre espèces fossiles ? Peut-on dessiner, à travers elles, un chemin qui irait, droit, jusqu'à nous ? Les débats entre régionalistes - qui voient les hommes partout devenir sapiens - et partisans du remplacement plus ou moins brutal se lisent également entre les lignes. Yves Coppens, partisan de la première idée, arbitre à