Triplement du prix du blé en un an, émeutes et famines en Afrique, et, devant l'émotion, conférence internationale à Rome sur l'avenir de l'alimentation. C'est arrivé en 1973-1974. Pour la première fois, la production alimentaire mondiale a baissé durant la campagne 1972, à cause des intempéries. Les prévisions enthousiastes de la révolution verte - cocktail de pesticides, engrais et nouvelles variétés à haut rendement - survenue dans les années 60 sont revues à la baisse. Et l'on se déchire sur les causes du retour de ces famines que l'on croyait révolues.
Problème agronomique, disent les politiques. Problème politique estiment les agronomes. Dans le premier camp, Colin Clark, un économiste britannique réputé qui affirme que la Terre peut nourrir 150 milliards d'hommes. Comment ? Un délégué américain à la conférence de Rome de 1974 l'explique : «Il suffit que tous les agriculteurs du monde cultivent comme les fermiers de l'Iowa.» Dans le second camp, René Dumont, agronome français et candidat écologiste à la présidentielle de 1974, qui annonçait depuis dix ans la survenue inéluctable de famines dans le tiers-monde. Et aussi une certaine Susan George qui, deux ans plus tard, publiera son premier livre,Comment meurt l'autre moitié du monde, dans lequel elle dénonce le rôle des gouvernements et des multinationales agroalimentaires dans la pénurie alimentaire. Mais les deux camps se retrouvent sur un point : l'alimentation mondiale ne peut plus reposer sur une poig