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Libération

«Comprendre le statut social des prostituées»

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publié le 26 août 2008 à 4h44

«Mon domaine de recherche porte sur la construction sociale des sexualités, la domination masculine et la violence qu'elle entraîne. Depuis 2002, je me consacre à l'étude de la prostitution, suite à une commande de la mairie de Paris, qui souhaitait un état des lieux sociologique de cette activité dans la capitale. Une démarche plutôt ouverte, par rapport à beaucoup de villes qui prenaient des mesures punitives à l'égard des professionnelles du sexe. Avec quelques collègues, nous avons analysé les problématiques auxquelles doivent faire face ces femmes, et tenté de proposer des solutions pour améliorer leur sort.

La prostitution est de plus en plus réprimée par les pouvoirs publics, surtout depuis la loi de 2003 qui fait du racolage passif un délit. Cette disposition, loin de protéger les «victimes du proxénétisme», permet la reconduite à la frontière des étrangères sans titre de séjour, et oblige les autres à migrer aux abords des villes. Rendues invisibles aux yeux des riverains, elles n'en sont que plus vulnérables aux agressions, sans compter la répression des forces de l'ordre, qui se fait sans relâche et sans ménagement.

Au fur et à mesure de mes enquêtes, j'ai compris que ce qui pèse le plus sur les prostituées, c'est leur stigmatisation. La question de leur statut doit trouver sa place dans le débat de société, pour mettre fin à l'hypocrisie actuelle. Les prostituées participent à la solidarité nationale par l'impôt, mais les moyens d'exercer leur activité sont interdi