Ce sera le nirvana : des physiciens ouvrent une porte sur «un nouveau monde» éclairant d'une nouvelle lumière l'antique question «de quoi est fait l'Univers et quels sont son origine et son destin ?» Ou alors le «désarroi», avertit Michel Spiro, l'énergique directeur de l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (CNRS). L'alternative semble sans nuance. Soit un triomphe de la pensée qui, associée à une technologie hyperpuissante, découvre de nouvelles lois de l'Univers. Soit des physiciens désespérés, abandonnant la quête lancée par Démocrite - l'inventeur du concept d'atome dans la Grèce antique.
Depuis cet été, un monstre travaille dur pour donner corps à l'un ou l'autre terme de ce choix. Un monstre souterrain, installé sous la frontière franco-suisse, près de Genève. Il est baptisé LHC pour Large hadron collider (grand collisionneur de hadrons). Un nom pas du tout commercial, bien dans la tradition austère de ces moines de la science qui peuplent le Cern, le Centre européen de recherche nucléaire. Une cité de la physique qui n'est plus seulement européenne, mais mondiale. Et où l'on ne fait pas de recherche nucléaire. Ici, la dimension des morceaux de matière étudiés est aussi petite à côté d'un atome que ce dernier par rapport à une chaise.
Débauche de particules. Venus du monde entier, les physiciens ont construit la seule machine au monde - un accélérateur de particules - susceptible de faire progresser leur quête