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Libération
Reportage

Bonne pioche au Sahel

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Agriculture. Au Burkina Faso, des paysans ont développé des techniques simples pour augmenter les rendements des cultures de 30 %. Et stopper la désertification. Reportage.
par Yves SCIAMA
publié le 16 septembre 2008 à 5h02

Envoyé spécial au Burkina Faso Le long des routes rectilignes et plates du Burkina Faso, à travers l'air qui tremble de chaleur, on les voit défiler sans fin, ensablés ici, écroulés là, toujours renaissants : des murets de pierres empilées, hauts comme la main, une vingtaine de centimètres au maximum. Ils ont commencé à quadriller la campagne sahélienne après les grandes famines des années 70, et depuis, ils s'allongent, se multiplient, s'entrelacent, totalisant des milliers de kilomètres. Ici, les experts les appellent des «cordons pierreux». Bâtis au prix d'heures de travail éreintant sous un soleil hostile, ils sont l'instrument d'un ensemble d'innovations agronomiques discrètes, parfaitement low-tech, et qui ont pourtant l'ambition de faire la révolution verte en ces terres désolées. Leur horizon ? Rien moins que la victoire sur la désertification et la famine sur un territoire grand comme dix fois la France, où vivront bientôt 100 millions d'habitants. Plus prosaïquement, il s'agit d'instaurer au Sahel des modes de culture qui assurent la sécurité alimentaire des hommes, et la bonne santé des écosystèmes qui les nourrissent.

Explosion démographique. Il y a urgence car la terre, ici, va s'épuisant sous l'effet de pratiques agricoles bouleversées par l'explosion démographique. Jusque dans les années 60, les paysans sahéliens pratiquaient la jachère. Afin de maintenir leurs rendements, ils abandonnaient périodiquement leur parcelle pour aller défricher la brousse, p