Il lui fallait de l'audace pour défendre son idée. Et de l'obstination pour démontrer qu'elle n'est pas folle. Technicien agricole français installé au Burkina dans les années 80, Henri Girard travaille, avec son association AZN, à la diffusion du «bocage sahélien» : un espace aménagé pour que les arbres coexistent avec des cultures en rotation et de l'élevage, afin de tirer le maximum de la terre sans l'épuiser. Chose possible, il l'a démontré.
A 80 km de la capitale du Burkina Faso, il fait visiter le plus ancien périmètre aménagé par AZN. Cultivé depuis dix ans, c'est un carré verdoyant de 1 km de côté, clôturé pour éviter les animaux divagants, entouré de haies vives et parcouru par les fameux «cordons pierreux» qui retiennent terre et pluie (lire ci-dessus). L'ensemble a été découpé en 25 lots séparés par de hautes haies, rappelant vaguement un bocage. Sur chaque lot, géré par une famille, se succèdent la première année des céréales, la deuxième de l'arachide ou du sésame, les troisième et quatrième du coton ou d'autres plantes arbustives, une année de jachère pâturée clôturant le cycle. Y sont aussi plantés des arbres de haut jet : caïcédrat, eucalyptus, baobab, karité.
A force de sueur, de l'aide d'un tracteur et de petites quantités d'engrais chimiques, les rendements grimpent à 3 200 kg de mil par hectare dans les meilleures parcelles, alors que les paysans de la région récoltent en moyenne dans les 500 kg. Cependant, l'investissement (400 € par hectare), reste