Les très sérieux cabinets de physique des lycées impériaux sont les dignes héritiers des spectacles scientifiques qui font courir les foules un siècle auparavant. Dans la France des Lumières, la physique fait fureur. Le principal artisan de cet engouement est l'abbé Jean Antoine Nollet. Un scientifique érudit, bricoleur de génie, audacieux expérimentateur, qui n'hésite pas à tester sur lui-même ses pratiques scientifiques. Il fut ainsi le premier en France à montrer la célèbre expérience menée à Leyde (Pays-Bas), qui avait manqué de provoquer la mort par commotion électrique de son auteur.
Bizarreries. La «bouteille de Leyde» illustrait alors les bizarreries de cette science naissante qu'était celle de l'électricité. Cette bouteille constitue l'ancêtre du condensateur : elle contient un conducteur d'électricité - eau salée ou feuilles de cuivre - et elle est couverte d'une feuille d'étain. L'expérience consistait à plonger dans la bouteille une tige métallique en crochet surmontée d'une boule. Tandis que la tige entrait en contact avec l'eau ou le cuivre, on approchait la boule d'une machine électrique en activité (comme la machine de Wimshurst). Résultat, la bouteille se «charge» : les deux conducteurs accumulent chacun des charges électriques de signes opposés. Quiconque a alors le malheur de toucher la tige reçoit une violente décharge.
L'abbé Nollet, qui connaissait la mésaventure de son collègue de Leyde, n'a pu résister à y goûter. «Je ressentis jusque dans la poitrin