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«Les rapports des sciences à leur propre histoire»

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publié le 30 septembre 2008 à 7h15
(mis à jour le 30 septembre 2008 à 7h15)

«J'essaie de comprendre comment fonctionnent, concrètement, les disciplines scientifiques. Parfois les sciences avancent, parfois elles s'égarent dans des impasses pourtant déjà visitées. Pourquoi ? Comment utilisent-elles leur propre histoire ? C'est là une question importante, car les sciences entretiennent un rapport singulier à leur passé. Elles changent régulièrement leur système de référence. Comme si le savoir procédait d'un renouvellement permanent de ses fondements, tous les cinq ou dix ans, selon les disciplines.

«La linguistique, qui est mon domaine de prédilection, n'échappe pas à cette règle hasardeuse. Un exemple : le débat actuel sur la langue originelle. Existe-t-elle ? Peut-on reconstruire le parler des premiers hommes ? Cette question n'est pas nouvelle. Elle a été alternativement tue ou débattue à plusieurs reprises dans l'histoire, pour des raisons diverses, qu'il est intéressant d'étudier pour comprendre comment la science stabilise - ou pas - ses résultats.

«La recherche d'une hypothétique langue primitive s'est développée au siècle des Lumières. La société se laïcise, elle s'autorise à penser une origine du verbe autre que divine. Les savants disposent alors d'un corpus de langues qui n'a cessé de s'enrichir depuis les premiers grands voyages. Leur diversité les intrigue. Le protestant nîmois Antoine Court de Gébelin se lance dans la comparaison des langues, avec l'idée que celle-ci permettra d'établir leurs liens de parenté. Il explore les analogies ent